Catherine Choque

Les dimensions du bien-être chez les indépendants

Les dimensions du bien-être chez les indépendants

Une série de facteurs de stress spécifiques aux indépendants et dirigeants de PME, ont été identifiés. Les facteurs ressources ont moins fait l’objet de recherche ; ils sont néanmoins mis en avant par l’Observatoire de la Santé des Dirigeants Amarok (Université de Montpellier).

Trois risques dits psycho-sociaux sont connus comme affectant particulièrement le bien-être des indépendants.

L’exposition permanente au stress

La charge de travail et le stress qui peut en découler connaît de nombreuses sources, situés prioritairement dans le travail de gestion quotidienne et opérationnelle de l’entreprise au cœur de l’activité. Il s’agit en effet d’assurer l’organisation, le financement, la recherche et le suivi des clients, des fournisseurs et l’engagement du personnel. L’indépendant se doit d’être d’une certaine façon omniscient et hyper-compétent.

Certains facteurs de stress sont également liés aux charges administratives et aux contrôles qui sont vécus par beaucoup d’indépendants comme des charges peu utiles.

La situation de l’indépendant et du chef de PME ne permet pas d’avoir une sécurité pour l’avenir comme le permettent d’autres statuts. C’est ce que certains appellent l’incertitude du carnet de commande.

Les horaires de travail

Des études concordantes dont celle de l’INSEE (FR) confirment les horaires de travail gigantesques auxquels les indépendants sont confrontés. En moyenne, les indépendants travaillent au-delà des 50 heures par semaine. De même, une grande partie d’entre eux et d’entre elles travaillent également le dimanche (parfois simplement pour assurer le suivi des charges administratives), certains prennent peu de vacances. Leur temps de travail est donc long et intense.

L’indépendant ne compte pas ses heures. Il travaille souvent le soir, les week-ends et durant les vacances, par besoin de rentabilité, par passion, par crainte de laisser le bateau seul, … Il y a donc peu de moment d’arrêt ou de soupape.

Ainsi, la frontière entre la vie privée et la vie professionnelle est extrêmement poreuse, voire totalement absente. Cet effacement de cette limite est renforcé par les technologies de l’information et de la communication (smartphone, pc, …) qui permettent d’être joignable n’importe où et n’importe quand (tout, tout le temps partout, n’importe quand), accentuant ainsi l’omniprésence ou l’hyperconnexion à son activité professionnelle (technostress).

La solitude et isolement

Un des facteurs unanimement reconnus comme constituant un risque psycho-social chez l’indépendant est celui de la solitude, voire de l’isolement. L’indépendant a ou est sa propre entreprise (sur-identification à son activité). Toute son affaire, tout son chiffre d’affaires repose sur lui et lui seul. Cela suppose une grande responsabilité et une grande pression (« tout repose sur moi ») et engendre dès lors une sorte de déni à prendre soin de soi (« je n’ai pas le droit d’aller mal ») et à se déconnecter ou prendre des temps de repos.

Les ressources et atouts mentaux spécifiques

Le Professeur Olivier Torrès de l’Université de Montpellier (FR) étudie, depuis plusieurs années déjà, les facteurs salutogènes de l’entrepreneuriat.  Son travail se base sur le constat que, confronté à de tels niveaux de stress et de charge, un nombre bien plus important d’entrepreneurs devrait se trouver en état de burn-out. En effet, à côté des facteurs de risques spécifiques, l’indépendant ou l’entrepreneuse dispose également de facteurs ressources qui lui sont propres :

Les indépendants ont un profil davantage endurant

Beaucoup d’indépendants et de chefs d’entreprise ont une capacité à se relever et à retenter autre chose, même après un échec. Ce qui peut à la fois être une ressource mais aussi un risque : confiance en soi et endurance permet de traverser les épreuves, mais attention aux limites. L’indépendant reste humain ; il n’est ni une machine, ni un invincible qui peut tout gérer tout seul sur du long terme !

Les indépendants sont, plus que la moyenne, des personnes optimistes

Ces sont des personnes qui identifient des issues positives aux situations difficiles, et qui sont capables de transformer cette vision positive de l’avenir en engagement dans le travail. C’est ici un puissant élément de contrebalancement des stresseurs. Une nuance cependant : il s’agit de ne pas mettre un couvercle sur les aspects négatifs, comme par exemple, les signes physiques et cognitifs d’un épuisement suite à une période plus ou moins longue de stress chronique). Le déni est un mécanisme de protection plus ou moins conscient typique du processus d’épuisement : « en plus de tout le reste, je ne vais pas me rajouter ce problème en plus »… Et là ce renforce le cercle vicieux ! En toute chose, il y a des aspects positifs et négatifs… à chacun de trouver son équilibre.

Les indépendants, les entrepreneurs, les dirigeants de PME vivent assez fortement le sentiment de maîtriser leur destin

Ils sont, en quelque sorte, les chefs à bord du vaisseau qui doit les emmener où ils ont décidé d’aller. C’est une caractéristique salutogène tout à fait cruciale liée au statut d’indépendant. Remarquons ici que les crises successives, les confinements, les pénuries, et la volatilité de certains prix (aujourd’hui ceux de l’énergie) ont très fortement abimé ce sentiment précieux de maîtriser son destin.

Investir dans son propre bien-être

Investir dans son propre bien-être est un réel investissement pour son affaire, au même titre sinon plus que toutes les autres dimensions (financière, comptable,…). Un moment de ressourcement, de plaisir, de déconnexion, de prise de recul avec soi-même, ses proches et/ou un professionnel de l’accompagnement est tout aussi essentiel qu’un rendez-vous client ou avec son comptable. Prendre conscience et accepter ses propres limites, et agir pour trouver son propre équilibre est l’un des clés du succès de son affaire.

Dans le cadre du Projet-pilote Icarius, différents dispositifs d’aide sont possibles :

  • Informations et sensibilisation : site internet, newsletters, conférence, groupe d’échanges,…
  • Un coach digital avec Evoluno. Plus d’info.
  • Un accompagnement individuel multidisciplinaire. Plus d’info.