Sarah Sevilla

Toujours plus haut : quand la recherche d’excellence peut mener à l’épuisement

Toujours plus haut : quand la recherche d’excellence peut mener à l’épuisement

Depuis notre plus tendre enfance, Nous avons appris à catégoriser les éléments de notre environnement : il y a les plus grand.e.s, les plus fort.e.s, les plus intelligent.e.s, les plus… Bref, nous avons en partie grandi avec l’idée qu’il vaut mieux être dans les « plus » que dans les « moins ». Et qu’en rapprochant du haut de la liste nous augmentions les chances que les choses se passent bien pour nous, d’être reconnus ou encore récompensés. En théorie bien sûr.

Par ailleurs, il n’y pas si longtemps, le perfectionnisme était encore considéré comme une qualité. Celui-ci permettrait d’atteindre une forme d’excellence valorisée par la société. De fait, en bon perfectionniste, vous ne ménagez pas vos efforts, vous avez le souci du détail et vous prenez vos responsabilités à cœur.

Un profil attrayant à première vue mais c’est sans compter ses multiples dérives. Poussé à l’excès le perfectionnisme vous fait avoir des standards très (trop) élevés et des objectifs souvent irréalistes et inatteignables. Le risque est pris de vivre dans l’insatisfaction permanente, l’autodénigrement, les retards continus, le stress, la démotivation et par conséquent une faible estime de soi.

Ajoutons à cela le piège de la procrastination qui vous tend les bras. Hé oui, par peur de ne pas faire assez bien, ou parce que vous n’avez pas identifié comment le faire parfaitement vous risquez… de ne rien faire du tout. Ou encore de consacrer votre temps à des tâches plus faciles ou à des détails avec moins de valeur ajoutée. Vous remettez ainsi au lendemain jusqu’à être dos au mur, vous obligeant à faire deux fois plus en trois fois moins de temps, c’est du stress presque assuré.

Autre dommage collatéral, le syndrome de l’imposteur : comme son nom l’indique celui-ci se manifeste par des croyances négatives sur ses compétences, le sentiment que l’on ne mérite pas ce que l’on a, que l’on n’est pas à la hauteur et que l’on peut être à tout moment démasqué. Ce syndrome et le perfectionnisme s’alimentent mutuellement, chacun nous poussant à croire qu’il faut faire plus, faire mieux, faire parfaitement afin de rejeter tout risque d’échouer et de ne pas être à la hauteur (de quoi ?).

Autrement dit, si le perfectionnisme peut avoir l’effet bénéfique de vous pousser à faire mieux que votre principal concurrent il peut également être source de beaucoup de frustrations, d’énergie placée au mauvais endroit, tant et si bien que le temps que votre produit/service soit parfaitement finalisé, il n’y ait plus de marché à prendre, vos clients étant déjà passés à autre chose ! Alors qu’en proposant un produit/service qui se tient même s’il n’est pas encore parfait à vos yeux, vous vous donnez l’occasion de recevoir les feedback de vos clients et ainsi de peaufiner votre produit/service afin qu’il réponde réellement à leurs besoins. Ou encore d’observer qu’il ne répond pas aux attentes du marché et que cela ne vaut pas la peine d’y investir plus de temps, vous épargnant beaucoup d’incompréhensions et de frustrations.

Ainsi, si l’excellence est une quête, elle n’existe que dans notre imaginaire et est sans fin. Cette utopie risque de vous mener droit à l’épuisement mental et physique. Dès lors, quelles sont les pistes d’actions pour ajuster son niveau de perfectionnisme vers plus de réalisme ?

  • Une première étape consiste à prendre conscience de sa tendance perfectionniste, des atouts associés et des effets néfastes sur son quotidien, privé et professionnel. Prendre conscience que ce qui est pensé comme une force est en train de vous porter préjudice, à vous et à votre business, tendra à vous mobiliser.

 

  • Lâchez prise et acceptez que vous ne pouvez pas tout contrôler, chez vous et encore moins chez les autres. Commencez petit, à la maison, dans des situations peu risquées. Par exemple, envoyez un premier jet de produit/service à votre conjoint.e ou à un.e ami.e alors qu’il n’est pas du tout fini comme vous le souhaitez et demandez-leur un feedback honnête. Profitez-en pour distinguer la valeur de vos réalisations, de votre valeur en tant qu’individu. Les remarques reçues concernent le résultat proposé et non votre personne.

 

  • Etablissez vos priorités, et placez ainsi votre énergie au bon endroit. Pour cela rien de tel que la loi de Pareto : c’est-à-dire fournir ses efforts sur les 20% d’éléments qui ont 80% d’impact et non l’inverse. Par exemple, identifiez les 20% de vos tâches, de vos clients, de vos services qui ont le plus fort impact sur votre productivité et votre chiffre d’affaire et concentrez votre travail là-dessus.

 

  • Revoyez vos objectifs et découpez-les de manière plus réaliste : plutôt que de vous imaginer proposer le produit/service que tout le monde va s’arracher instantanément, cherchez un produit/service rentable, qui vous donnera une certaine visibilité. Faites un plan d’actions, décomposé en tâches plus petites, et mettez l’accent sur l’expérimentation, prenez plaisir dans le cheminement et la création, avec moins de pression la motivation ne peut qu’en sortir grandie.

 

  • En lien avec le point précédent, il est important de travailler son rapport à l’erreur : celle-ci est naturelle et même bénéfique ! Elle nous permet de tirer des enseignements et de faire mieux les fois suivantes. Considérez vos actions comme une tentative et non comme un résultat final.

 

A vous de jouer !