Avez-vous déjà entendu parler du Quadrant d’Ofman aussi appelé Quadrant Fondamental ? Ce modèle élaboré par Daniel Ofman il y a 35 ans permet de comprendre pourquoi la collaboration avec certaines personnes semble aller de soi tandis que celle avec d’autres se révèle plus laborieuse.  Je vous propose de regarder ensemble ce qu’est le Quadran d’Ofman et comment il peut nous aider à faciliter les relations avec des personnes perçues comme difficiles.

 

 

1^er quadrant : la qualité fondamentale

Selon ce modèle, chacun d’entre nous a de nombreuses qualités intrinsèques que D. Ofman qualifie de fondamentales. Bien sûr, ces qualités varient d’une personne à l’autre. Julie est rationnelle, Colin est sûr de lui, Manu est courageux, Noa est affirmée, Emma est pragmatique, Bernard est sensible, Fabrice est créatif, Natacha est flexible, etc.  

2^ème quadrant : le piège

Chaque qualité poussée à l’excès peut être source de tension avec notre entourage car trop d’une qualité devient un piège.  De ce fait, Fabrice qui est créatif peut en réunion lancer 1001 idées, rebondir sur celles des autres. Au terme de la réunion, le risque est que rien n’ait été décidé. Pour Joëlle qui est pragmatique, ce genre de réunion dont on sort sans rien avoir décidé est une perte de temps mo-nu-men-tale.

Il est assez aisé d’identifier les pièges qui sont les nôtres. Vous dit-on parfois « Ne sois pas si… », « tu es trop… ». En effet, souvent les critiques qui nous sont faites par notre entourage révèlent nos pièges.  Le courage de Manu peut conduire à de la témérité. Colin qui est sûr de lui peut faire montre d’arrogance. Par exemple, Noa qui est déterminée peut s’entendre dire par son entourage « ne sois pas si entêtée ».

Le piège peut plus aisément se manifester en situation de stress, de cas de fatigue ou dans une situation qui nous tient à cœur.

3^ème quadrant : le défi

Pour chaque qualité, il y a donc un piège. Et pour chaque piège, il y a un défi à relever, défi qui permet d’éviter notre piège. Ce défi sert à apporter un juste équilibre entre qualité et piège. Ainsi pour Fabrice le très créatif, le défi pourrait être de concrétiser un projet avant d’entamer un autre chantier. Le défi de Noa serait de développer une certaine souplesse afin d’éviter de s’entêter. Natacha quant à elle gagnerait à accompagner sa flexibilité d’une certaine constance. La prudence permettrait à Marie de faire preuve de courage sans toutefois prendre des risques inconsidérés.

Souvent, notre meilleur.e ami.e, notre partenaire de vie a comme qualité ce défi dont nous avons besoin. En effet, il est fréquent d’aller chercher à l’extérieur ce défi qui nous manque pour tempérer notre piège plutôt que de le développer soi-même. Par exemple, si une de mes qualités est d’être rationnelle, sous stress mon piège peut se manifester sous la forme de distance, de froideur. Si on s’en réfère au Quadrant d’Ofman, mon défi est de faire preuve d’une certaine sensibilité. Il n’est dès lors pas surprenant de constater que mon binôme ait comme qualité une forte sociabilité. Cela correspond au défi qui peut me manquer, notamment, sous pression et qu’il conviendrait de développer. Les films et séries télévisées utilisent beaucoup ce ressort qualité-défi pour former des duos marquants : Bridget Jones et Mark Darcy, Ross et Rachel, Christina Yang et Meredith Grey, Vivianne et Edward[1].

4^ème quadrant : l’allergie

Comme souvent, c’est la dose qui fait le poison. Le défi poussé à l’extrême constitue une allergie. Elle est l’opposée de notre qualité fondamentale. Par exemple, la créativité d’Antoine (qualité) peut se transformer en chaos (piège). Son défi est de faire preuve de structure, d’ordre pour éviter de s’éparpiller. Cependant, Fabrice sera allergique à trop de cadrage qu’il vivra comme trop contraignant. L’allergie est ce qui nous agace chez l’autre. Noa notre déterminée qui doit faire preuve de souplesse est allergique à la personne qui est trop effacée. Marie l’audacieuse veut bien faire preuve de prudence mais aura bien du mal à collaborer avec quelqu’un de timoré.

Comment utiliser le Quadrant d’Ofman dans nos relations au travail ?

Le plus facile est de partir de notre allergie. En effet, il nous est souvent très aisé d’identifier ce qui nous agace chez une personne.

Imaginons que comme Alix l’idée d’interagir avec une personne laxiste vous donne de l’urticaire. Ce laxisme est votre allergie.

Nous avons vu que l’allergie est l’opposé d’une qualité fondamentale. Le laxisme s’oppose à la qualité fondamentale d’exigence d’Alix.

Quel piège peut-il découler de cette exigence ? Poussée à l’extrême, elle peut parfois faire d’Alix quelqu’un de tatillon. D’ailleurs, on lui a déjà dit « Ne sois pas si maniaque, voyons ! ».

Son défi est d’allier cette exigence avec une certaine tolérance à l’imperfection. Ainsi, arrive-t-il qu’on dise à Alix « Lâche un peu, tu veux. Tout n’a pas besoin d’être parfait ».

Nous avons vu qu’on est allergique au piège de l’autre et que le piège est une qualité poussée à l’extrême. Dans notre exemple, le laxisme de Sam qui agace Alix peut résulter d’une tolérance à l’imperfection poussée à l’extrême (oui, oui, à petites doses, c’est une qualité). On voit donc que Sam a en lui ce quelque chose dont Alix peut avoir besoin pour éviter d’être dans la maniaquerie.

                                                              

En conclusion, ce qu’on identifie comme un défaut chez autrui est souvent une qualité essentielle poussée à l’extrême et ce qu’on considère comme une qualité chez nous peut être perçue par autrui comme un défaut.

Ce qui nous agace chez une personne, ce qui complique la relation avec elle, c’est son piège c’est-à-dire sa qualité première poussée à l’extrême. Et souvent cette allergie est révélatrice de ce quelque chose qui nous manque. Ce qui signifie que les personnes qui nous tapent le plus sur le système nerveux central sont celles qui ont le plus à nous apporter.

[1] Dans l’ordre : Le journal de Bridget Jones, Friends, Dawson, Grey’s Anatomy, Pretty Woman.